Voici quelques données intéressantes sur les régimes de retraite des secteurs public et parapublic.
1- Les déficits actuariels des régimes de retraite des municipalités (4,2 milliards de dollars) et des universités (800 millions de dollars) sont peu élevés si on les compare à ceux des employés du secteur public et parapublic du gouvernement du Québec (28 milliards de dollars).
2- Ce « passif net » de 28 milliards de dollars est inscrit dans la dette brute du Québec.
3- Outre les contributions normales de l’État comme employeur (1,9 milliard de dollars en 2012-2013), Québec devra verser environ 1 milliard de dollars supplémentaires cette année, et les années subséquentes (au minimum), pour faire face à ses obligations. Cela est tiré à même les taxes et impôts versés par les contribuables.
4- La ministre du Travail Agnès Maltais a indiqué qu’elle n’entendait pas agir à l’égard de régimes de retraite des employés de l’État, car ils ne sont pas « menacés ».
5- Presque tous les employés de l’État (97 %) paient 50 % des coûts de leur régime de retraite, sauf les agents des services correctionnels, les policiers de la Sûreté du Québec et les juges.
6- Les agents correctionnels paient 46 % de leur régime. Avant 2001, les régimes de retraite des juges étaient payés à 100 % par Québec. Actuellement, les régimes de retraite des policiers et des juges sont si complexes que Québec se dit incapable de préciser le partage des coûts. Il est évident que l’État paie bien au-delà de la moitié des régimes de retraite de ces deux corps d’emploi.
7- Les régimes de retraite des secteurs public et parapublic du Québec comptent 578 000 cotisants et 327 000 retraités. Ces chiffres donnent la mesure de l’importance de l’État au sein de la société québécoise.
8- Le ministre québécois des Finances, Nicolas Marceau, participera lundi au lac Meech à une rencontre avec ses homologues des provinces et du fédéral au cours de laquelle il sera question d’une amélioration possible des régimes publics de retraite, soit le Régime de rentes du Québec (RRQ) et le Régime de pensions du Canada (RPC). Depuis l’élection du Parti québécois, Québec se montre désormais favorable à une bonification du RRQ, mais celle-ci devra être « modeste, graduelle et pleinement capitalisée », pour reprendre les propos de l’attachée de presse du ministre Marceau. Cela correspond assurément au mandat confié à M. Marceau par le Conseil des ministres.
9- Québec ira de l’avant avec cette bonification du RRQ seulement si les provinces ET Ottawa s’entendent pour bonifier aussi le RPC. Pour un gouvernement souverainiste qui prône une gouvernance souverainiste, c’est une position surprenante. L’argument est un argument de compétitivité entre les entreprises québécoises et celles du reste du Canada. Néanmoins, Québec laisse entre les mains d’Ottawa le sort des Québécois les plus pauvres.
10- Le gouvernement conservateur à Ottawa ne semble pas disposé à bonifier le RPC à court ou à moyen terme, comme l’explique mon collègue Denis Ferland dans un récent blogue.